catalogue de l'exposition Jean-Marc Hunt Negatalent

Depuis 20 ans, Jean-Marc Hunt vit et travaille en Guadeloupe, une sorte de rampe de lancement, pour lui, vers les étoiles et l’univers. Pour cet artiste hors norme qui a grandi à Strasbourg – dans les « quartiers » comme Abd Al Malik – , ce ressourcement lui a per- mis de se « recharger » – comme il le dit lui-même – , c’est devenu sa matrice créatrice et sa puissance évocatrice autour des thèmes mémoriels qui sont désormais les siens.

Cette quête à travers l’art commence très tôt chez lui, à quinze ans à travers le rap. Il va apprendre et prendre l’art en autodidacte en puisant dans les enjeux du temps et les questions identitaires, la sève de son questionnement créatif à travers le graff avant d’envahir la toile et le papier de sa puissance créative, puis de s’emparer de l’univers de la sculpture et celui des installations impressionnantes.

Sa nouvelle exposition « Negatalent » est un événement.

Jean-Marc Hunt s’interroge désormais sur sa condition d’« afro-descendant », entre Africains et Européens, il cherche une autre route. « Nous sommes, écrit-il, dans une espèce de stress passif et même, je vais le dire clairement, un génocide passif notam- ment avec le chlordécone, avec des prématurés, des enfants mort-nés par exemple. Et toujours cette impression d’être ignorés par la France alors qu’on nous dit que nous sommes français. Nous devons nous battre deux fois plus pour obtenir ce à quoi nous avons droit ».
À travers ses lignes, il compacte tous les messages de son travail et de son expres- sion artistique. Mais son objectif est principalement de raconter beaucoup plus que de montrer. En fait, il fait un métier d’historien, de griot, de conteur. Il raconte des histoires en couleur.

Par Pascal Blanchard, historien (Crhim/Unil)