exposition VALÉRIE JOHN ECRITURE(S) LIMINAIRE(S)... AU SEUIL D’UNE PRATIQUE ARTISTIQUE TRANS/LOCALE

VALÉRIE JOHN ECRITURE(S) LIMINAIRE(S)… AU SEUIL D’UNE PRATIQUE ARTISTIQUE TRANS/LOCALE

Du
au

L' Habitation est ouverte 365 jours par an. Les expositions se visitent gratuitement de 9h à 18h30.

Infos pratiques

Rebrousser chemin, vouloir rendre possible la rencontre avec l’autre soi-même et pour cela faire la traversée du milieu, à rebrousse-temps. Lors du voyage réel, le temps passé à errer est un temps important. Il charge l’artiste de cet arrière-pays.

L’Afrique est un terrain d’aventure, le lieu de tous les possibles, l’origine. C’est le lieu de la rencontre, du choc. Il permet d’être là et ailleurs, enraciné et ouvert, en accord et en errance… au-delà de mon port d’attache. Le temps de la rencontre m’oblige à être nomade pour qu’existe l’œuvre. Je suis « l’errant [qui] cherche à connaître la totalité-monde et sait qu’il ne l’accomplira jamais et qu’en cela réside la beauté du monde » (E. Glissant, On ne peut plus prévoir le monde).
Paradoxalement, ne faut-il pas mieux être dans l’expropriation de cette Afrique réelle, dans la distance qui nous en sépare, pour qu’émerge le dépaysement au sein de l’œuvre ? L’œuvre devient alors, après le corps, l’autre espace d’inscription. Entrons dans le lieu où se fait l’acte créateur. Je m’immerge dans ce lieu, atelier-œuvre. Là, s’opère la métamorphose. C’est par accumulation de traces que ces objets-mémoire(s), papiers récupérés, collectés sont mis en scène, déplacés, transfigurés, traduisant la « traversée » que j’effectue.
Il nous faut inventer un savoir qui n’en garantirait pas d’avance la norme, mais qui suivrait au fur et à démesure, la quantité mesurable de ces variances vertigineuses. Le but : être dans la trace, se donner une ou des filiations.
Recoller inlassablement des morceaux de vie, se construire une terre-sienne, comme on se façonne un blason, fait de morceau épais de vie antérieure, de vie présente et à venir, se plaçant obligatoirement dans l’altérité. « Les emprunts, les hybridités, les métissages constituent une véritable plaque tournante où mémoire et imaginaire se conjuguent pour combler les trous de l’histoire, du passé, et revivifier le présent par une nouvelle liberté acquise quand l’étrangement du soi s’effectue dans la rencontre et l’échange. » (Françoise Le Gris, Mémoire et antimémoire ).
Le ressourcement… Pour la construction de notre mémoire contemporaine, le contexte actuel ouvre à une redéfinition des rapports entre tradition et innovation, entre identité et altérité, où emprunts et mélanges forment une trame complexe d’interférences et de superpositions souvent difficiles à départager. Se vouloir anthropologue de soi-même, s’ouvrir à toutes les mémoires et tisser.

Valérie John