exposition HABDAPHAÏ MONDES/TERRITOIRES
HABDAPHAÏ
au
La Fondation est ouverte 365 jours par an. Les expositions se visitent gratuitement de 9h à 18h30.
Infos pratiquesTel un poème sonore extrait d’un chant entier de Nicolas Guillén, l’œuvre plastique d’Habdaphaï convoque les sensations. Pas n’importe lesquelles.
La multitude d’expériences picturales, graphiques, les artefacts, les ready-made, installations, vidéos, performances, chorégraphies, qu’elles soient permanentes, vouées au marché de l’art ou éphémères, invoque une Caraïbe, univers de bruits, de sons, d’odeurs, imprégnée du « regard en arrière, un songe de l’enfance » que l’artiste pudique, souhaiterait « petit » et seulement « parfois ». Comme si toute la geste créatrice d’Habdaphaï pouvait être contenue, retenue, freinée, contrôlée par l’ordre social, la pensée cartésienne, la modernité fabriquée, imposée. Comme si l’horizon dans son immensité circulaire, déterminait l’échelle des rêves, de l’expérience, du vécu.
Parce que, l’œuvre protéiforme d’Habdaphaï, échappe à toute doctrine, à toute velléité de fixation et par conséquent, à toute classification, ce caractère réfractaire à catégorisation, dérange les doctrinaires de l’art contemporain caribéen. De fait, il ne s’agit pas seulement d’un corpus inclassable fabriqué par un artiste libre et autodidacte, inscrit en faux vis-à-vis des institutions académiques. Mais encore, l’ensemble de l’œuvre soulève les sensations d’un passé que l’on voudrait avoir rêvé. Un passé enfoui. Une mémoire dispersée. Litanie de « perdus de vue ».
Dès lors, présenter un regard rétrospectif sur les créations visuelles d’Habdaphaï, introduit de multiples risques, celui de méprise sur l’essentiel du travail, celui de céder à l’emprise séductrice des accumulations, de privilégier l’abondance, la générosité, la productivité, l’hyperactivité, la créativité à fleur de peau de l’artiste, au détriment de l’unicité sensible de son « chant entier ».
Barbara Prézeau-Stephenson, Commissaire d’exposition