exposition Alain Dumbardon Traces et signes mémoriels

Alain Dumbardon | Traces et signes mémoriels

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L' Habitation est ouverte 365 jours par an. Les expositions se visitent gratuitement de 9h à 18h30.

Infos pratiques

Dumbardon reste fidèle à sa démarche axée sur le signe, la trace, l’empreinte, une méthode de travail qui va dans le sens de l’interrogation à la mémoire … Recouvrir le support de plusieurs couches de peinture, retravailler d’anciennes toiles – la peinture originelle subsistant partiellement sous la seconde (transparence)-, superposer, gratter, révéler de nouvelles formes.

La plongée à laquelle Alain Dumbardon nous convie dans son exposition Traces et signes mémoriels est une manière de revisiter ou de découvrir à la fois l’esthétique personnelle qu’il développe, mais aussi, et surtout sa mythologie, son récit de nous-mêmes. Dans les tableaux en acrylique et les encres qu’il nous propose, c’est une écriture mature, aboutie, résultant de voyages, de réflexions et de constructions esthétiques prenant fortement appui sur la culture et notamment sur la langue martiniquaise qu’il dévoile. Alain Dumbardon trace parfois sur ses œuvres des mots, des noms ; cependant, au-delà du seul fait de tracer des lettres, c’est véritablement la construction des mots créoles binaires qui le fascine et lui sert de modèle pour ses édifications plastiques. Des mots comme « tonbé-lévé », « pété-pié », « pété-kouri » qui fonctionnent en association, en lien, résonnent dans les œuvres de l’artiste au travers de ses figures hybrides.
Cette dimension hybride des créations de Dumbardon se manifeste également dans les emprunts qu’il fait à l’art amérindien, aux arts africains et au génie populaire caribéen. Son personnage principal, hautement stylisé, associe une figure d’adorno fréquemment présente sur les poteries amérindiennes à l’outil de travail martiniquais : la fourche appelée « madjoumbé ». Du génie populaire caribéen, Dumbardon retient également la notion du lien qui devient un symbole puissant dans son œuvre ; le geste d’attacher, comme l’amarreuse de canne à sucre qui rassemble ses paquets, ou d’édifier, comme le pêcheur montant sa nasse devient sous les doigts de l’artiste un signe porteur de sens autant que de représentations allégoriques. Le lien : amarrage, attache ou entrave symbolise à la fois l’union, la solidarité du peuple, sa force, mais aussi le carcan que peut représenter une histoire douloureuse lorsqu’elle est mal transmise.

Patricia Donatien