catalogue de l'exposition Victor Anicet Opacité & transparence

L’art de Victor Anicet est polymorphe, peinture, céramique, art public monumental : vitraux de la cathédrale de Saint-Pierre,… Commandes privées destinées aux jardins
de l’Habitation Saint-Etienne… Différentes fresques en céramique dans des établissements scolaires ou des services publics.
L’artiste reste cependant concentré sur l’histoire de la Martinique, dans les dessins en noir et blanc des années soixante-dix et dans la série des Carcans. Mais aussi, plus particulièrement sur la quête des racines précolombiennes, avec les séries Invocations amérindiennes et Restitution.
C’est un cheminement volontaire, qu’il faut resituer dans le contexte de la recherche d’une esthétique caribéenne par le groupe Fwomajé. Deux séries distinctes naîtront de ce patient travail de découverte, d’appropriation et de restitution : Invocations amérindiennes, suite de tableaux sur bois ou sur toile réalisée entre 1975 et 1989, puis Restitution où dialoguent, outre les graphismes arawaks ou caraïbes, des adornos amérindiens, des tissus africains, des produits d’échange du troc triangulaire.
Ainsi des fèves de cacao, du roucou, du café, des épices, de la verroterie sont réunis dans le tray traditionnel, détourné ici de son usage premier.
Avec Restitution, Anicet réalise une transposition de la théorie de la créolisation d’Édouard Glissant puisque les signes amérindiens, africains, Indiens, européens, se télescopent et se phagocytent en une recomposition originale créatrice de sens.

Dominique Brebion, commissaire.